Morvan
« Il faut savoir gré au Morvan de demeurer lui-même et de ne jouer ni aux Alpes, ni aux Vosges, ni à l’Auvergne ». C’est ainsi que démarre la description de ce terroir dans « La France Gastronomique de Curnonsky et Marcel Rouff » édition 1926.
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Le Morvan, est un massif de faible altitude (600 mètres en moyenne) qui s'étend sur quatre départements. Avec son paysage accidenté et son climat rude et pluvieux, (mais ça c’était peut-être avant le changement climatique !) cette région forestière et bocagère longtemps isolée est riche en traditions et légendes. On peut dire que c’est un pays où on y travaille dur et que la nourriture se devait d'être simple et consistante. Les mets sont donc souvent roboratifs comme le fameux jambon du Morvan qui rentre dans la recette du saupiquet (voir saupiquet des Amognes dans le Nivernais). Mais pas que, car, comme une perle dans un écrin de verdure, le Lac des Settons regorge de brochets, de perches et de carpes qui compensent les agapes charcutières en matière de diététique.
Dans ce pays éloigné des centres urbains et des loisirs mondains, la musique, les chants, la danse permettent d'oublier les soucis quotidiens dans les fêtes patronales, assemblées familiales, pèlerinages, mariages...Chaque occasion est bonne pour se retrouver, dans la grange, au bistrot, sur la place du village : travaux agricoles collectifs, fenaison, moisson, battage, tuerie du cochon...
A Lormes et à Corbigny on y élabore de fameux pâtés. A Jarnoy on y cultive un fameux navet et à Lormes les chèvres produisent un succulent « fromage de Chavignol », peut-on lire dans la même édition de 1926.
Des champignons (billottes) aux grosses crêpes au lard (crapiaux), en passant par le jambon cru, le mouton, les oies, le pâté en croute, tripes, omelettes, les tourtes et les râpées de pomme de terre …on ne compte plus les spécialités se terminant par « du Morvan » ou « à la morvandelle », voire « à la morvandiote » (dodine de canard à la morvandiote) ! Et on en passe.
On conclura notre énumération, comme un bon repas, avec les douceurs : le gâteau morvandais, la tarte morvandelle aux pruneaux accompagné d'une petite cerisette.
Mais laissons le mot de la faim à Georges Sand :
« Nous étions loin : nous avions poussé jusque dans les montagnes du Morvan, où il y a beaucoup de sonneurs encore plus jaloux que ceux d’ici, mais non pas tant pour leurs intérêts que pour leur amour-propre (…) C’est un endroit sauvage où les gens de justice craignent le paysan et où le paysan ne craint que le diable (…) Ils croient fermement en ce pays, qu’on ne peut devenir musicien sans vendre son âme à l’enfer, et qu’un jour ou l’autre, Satan arrache la musette des mains du sonneur et la lui brise sur le dos, ce qui l’égare, le rend fou et le pousse à se détruire. » Les Maîtres sonneurs - George Sand